Marion Boilet a fait partie du Genepi de 2002 à 2006, pendant son cursus à l'Université de Poitiers
En tant que membre du GENEPI aux débuts des années 2000, j'ai eu le privilège (et le terme n'est encore pas assez fort) de rencontrer Robert Badinter.
C'était le 2 avril 2006 : Monsieur Badinter nous a fait l'honneur d'intervenir lors des Assises Nationales, au sein du très prestigieux Hôtel de Ville de Paris, à l'occasion des 30 ans de l'association. Je me souviens de son intervention, brillante comme toujours, dénonçant la politique de "tolérance zéro", menée par le Ministre de l'Intérieur de l'époque Nicolas Sarkozy. Il s'est insurgé contre la violence, l'arbitraire et l'absence totale à la possibilité de devenir meilleur que ces idées incarnaient. Il a secoué toute l'audience présente par sa verve, sa juste colère, son éloquence, et son humanisme sans faille. Seuls ses mots résonnaient dans ce somptueux salon. Je me souviens de l'émotion collective et des secousses que chacun a ressenti.
A la fin de son discours, toute penaude, j'ai pris mon courage et mon exemplaire de "L'abolition" à deux mains, me suis avancée vers lui, balbutiant mon admiration tout en lui tendant son œuvre qu'il a signé avec gentillesse et attention. On a échangé quelques mots et je suis repartie le cœur plein de gratitude, avec le sentiment profond d'avoir vécu un moment hors du temps. Quel privilège.
Je l'ai ensuite revu le 31 janvier 2013, lors d'une conférence à Poitiers qu'il tenait sur "La Justice dans l'œuvre de Victor Hugo" : là encore, tout un programme. Intervention merveilleuse, profonde, pensée, visionnaire.
J'ai ressenti ce même réconfort à être en présence d'un contemporain si brillant et ai à nouveau savouré ma chance. Aussi quelle tristesse depuis le 9 février dernier... Qui maintenant ? Si ce n'est un silence assourdissant...
